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La vie du buronnier à travers les âges : La montée aux estives

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La vie du buronnier à travers les âges : La montée aux estives

Dès le début du mois de mai, les vaches commencent à s’agiter dans l’étable et témoignent de leur excitation par des mugissements. L’appel de la montagne ! Il est temps de réunir le troupeau avant sa montée vers les herbages des montagnes cantaliennes. Les hommes toilettent leurs vaches et les parent de leurs plus beaux atours ; cloches, rubans, coiffes et couronnes de genêts. La montée à l’estive ou la montade a lieu à la Saint Urbain le 25 mai. Le jour du départ, le curé vient bénir les troupeaux. C’est ainsi qu’Henri Durif décrit à la fin du XIXème siècle, la transhumance dans le Cantal : « Si vous voyiez qu’elles sont heureuses, comme elles marchent avec courage, comme les anciennes agitent les clochettes retentissantes qu’elles portent suspendues au cou ! Bien que le chemin soit long, toutes se le rappellent ; bien que les montagnes où elles se rendent ne soient fermées par aucune clôture, les vaches de chaque domaine reconnaissant les lieux où elles ont l’habitude de paître, prennent possession en arrivant et ne s’en éloignent plus. »

Les hommes laissaient alors au village femmes, vieillards, enfants et montent au buron avec leurs troupeaux. Pendant 4 à 5 longs mois, ils vivaient isolés sans descendre. A la fin de la 2nde guerre mondiale, on estimait à 4500 personnes transhumants dans le Cantal. L’hiver ces hommes étaient engagés dans les fermes ou allaient travailler à Paris. Si la transhumance s’est longtemps effectuée à pied avec les chars remplis de pommes de terre, de baricoux de vin et de sel pour la fabrication du fromage, le chemin de fer et plus tard le camion sont utilisés. Dans les années 1920, la ligne de chemin de fer dite du Far West qui s’arrêtait à Landeyrat et Allanche voyait surgir d’un coup des milliers de tête de bétail acheminées par trains entiers pour pâturer sur les zones d’estives que sont l’Artense et le Cézallier. Les Monts du Cantal sont alors connus pour être le « premier massif montagneux français pour l’estivage bovin ».

À partir des enquêtes pastorales menées au début des années 1970, on recensait 87 000 bovins estivés dans le Cantal. L’enquête pastorale de 1999 dénombre 96 000 bovins estivés (dont 45 % de vaches allaitantes) pour le seul département du Cantal, preuve du maintien de la tradition agro-pastorale. Dans la première moitié du XXème siècle, les foires étaient alors très nombreuses et se déroulaient principalement en mai et à l’automne de la Saint Michel 29 septembre à la Sainte Lucie (13 décembre). Elles avaient un rôle essentiel dans la négociation des bêtes jeunes et on pouvait s’y échanger les vaches laitières. En 1930, on dénombrait 262 foires et 626 en 1946 dans le Cantal. Aujourd’hui, la transhumance est devenue une fête populaire.

Sources :
Auguste BOISSONNADE, « Pierrefort et son canton dans les années 1900 », autoédition, 2002.
Marcel MONMARCHE, « Autour du Lioran », Annuaire du Club Alpin Français, 1895.
J.BLANCHON, « Ethnozootechnie », « Transhumance bovine dans le Massif Central », 1995.
Henri DURIF, « Revue des traditions populaires », 1892.
Illustration :
Albert ROBIDA dans l’ouvrage de Pierre BESSON, « Un pâtre du Cantal », 1917.